Grand projet inutile

Le projet d’autoroute A45 définitivement enterré

Grand projet inutile

par Sophie Chapelle

Avec l’expiration le 16 juillet de sa déclaration d’utilité publique, le projet d’autoroute A45 entre Lyon et Saint-Etienne est définitivement enterré. Une lutte remportée à la suite de plusieurs décennies de mobilisations.

Les mobilisations « ont permis d’achever ce vieux projet » se réjouit le collectif d’opposants au projet d’autoroute A45, entre Lyon et Saint-Etienne [1]. Le projet de « nouvelle » autoroute a été pensé il y a trente ans et relancé en 2016 par Laurent Wauquiez (LR), président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes. La voie rapide devait venir doubler une autoroute existante, l’A47. Or, ce 16 juillet, la Déclaration d’utilité publique (DUP) du projet est arrivée à échéance. L’État a décidé de ne pas la proroger. « L’A45 symbolisant à elle seule gabegie d’argent public, destructions d’espaces naturels protégés et artificialisation des terres cultivées et nourricières, ne verra donc jamais le jour, malgré l’entêtement aveugle et acharné de ses supporters à vouloir la financer », salue l’association de Sauvegarde des coteaux du lyonnais.

« Stopper l’artificialisation des terres cultivées »

La concession devait revenir à Vinci – l’entreprise en charge de la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, lui aussi abandonné. C’était sans compter la coordination des opposants à l’A45, qui s’est constituée dès l’automne 2016, avec des paysans, des naturalistes et des habitants des territoires concernés. En juillet 2016, Basta! publie une première enquête sur le sujet, puis relaie régulièrement les initiatives de la coordination. A l’été 2017, cette dernière mobilise 10 000 personnes contre le projet autoroutier. Trois mois plus tard, Élisabeth Borne, alors ministre des Transports, annonce son abandon. « Si ce projet était simple et consensuel, l’autoroute A45 serait réalisée depuis longtemps. On ne peut pas ignorer le prélèvement de terres agricoles, l’impact environnemental », déclare alors la ministre.

Malgré le recours auprès du Conseil d’État déposé par la région, le département de la Loire et la ville de Saint-Étienne, tous à majorité LR, l’A45 ne sortira pas de terre. Les opposants restent néanmoins vigilants sur la façon dont sera allouée l’enveloppe budgétaire qui était prévue par l’État pour l’autoroute. Selon l’association de Sauvegarde des coteaux du lyonnais, cette décision relève davantage d’arbitrages budgétaires que d’une « véritable volonté de changer de cap pour préserver l’environnement et la biodiversité, et stopper l’artificialisation des terres cultivées ». Elle assure qu’elle « continuera à se battre pour que les "décideurs" comprennent enfin que la situation d’urgence absolue dans laquelle nous nous trouvons nécessite de rompre radicalement avec les raisonnements obsolètes et mortifères du 20e siècle ».

Notes

[1Lire le communiqué du collectif Non à l’A45